Le statut de micro-entrepreneur est-il le bon choix pour mon activité ?

Publié le 7 Oct, 2019

S’affranchir de la pression hiérarchique pour devenir son propre patron, l’idée séduit de plus en plus. Mais quelle structure juridique faut-il choisir pour se lancer ? Beaucoup choisissent le statut de micro-entrepreneur (ex autoentrepreneur) pour sa simplicité. Mais ce qui est simple et attractif est-il toujours ce qui est le plus approprié ?

Attention aux mirages… le statut de micro-entrepreneur n’est pas fait pour tout le monde. Ce n’est pas toujours la solution la moins chère et elle n’est pas toujours adaptée aux entrepreneurs qui envisagent des investissements importants .

Auto-entrepreneur ou micro-entrepreneur ? C’est la même chose ! Depuis le 1er janvier 2016 le terme micro-entrepreneur remplace celui d’auto-entrepreneur. Le terme auto-entrepreneur reste néanmoins toujours largement utilisé en pratique.

Le régime de micro-entrepreneur a été créé en 2009 pour favoriser la création d’entreprises et il a immédiatement connu un franc succès. Selon les chiffres de l’INSEE le nombre de création d’entreprises est passé entre fin 2008 et début 2009 d’un rythme de 24 000 par mois à plus de 50 000 par mois, en grande partie grâce à la création du régime de micro-entrepreneur.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Depuis 2017 les immatriculations de micro-entrepreneurs augmentent encore de 9% par an.

Quels sont les avantages du régime de micro-entrepreneur ?

Le statut de micro-entrepreneur permet des allègements comptables et une réduction de coûts assez importants.

Les obligations comptables du micro-entrepreneur se limitent en effet à la tenue d’un livre de recettes et d’un registre des achats. Il n’est donc pas nécessaire pour celui-ci de tenir un livre-journal, un grand livre, ni d’établir des comptes annuels, ni de bilan ou compte de résultat…

Par conséquent le micro-entrepreneur peut se passer des services d’un expert-comptable ou de l’adhésion à un centre de gestion agréé et réduire ainsi ses coûts de fonctionnement.

Le calcul du bénéfice imposable est très simple

Le micro-entrepreneur est imposé personnellement à l’impôt sur le revenu dans la catégorie micro-BIC ou micro-BNC. Il suffit d’indiquer dans sa déclaration complémentaire de revenus le montant annuel du chiffre d’affaires.

Les cotisations sociales sont calculées simplement avec des taux fixes

Le micro-entrepreneur doit déclarer son chiffre d’affaires de manière mensuelle ou trimestrielle pour le calcul des cotisations et contributions sociales. Le taux appliqué est fixe et le montant est donc facile à anticiper :

  • 12,8% pour les activités d’achat ou de vente de marchandises ou prestations d’hébergement ;
  • 22% pour les prestations de services commerciales ou artisanales et activités libérales.

La gestion de la trésorerie du micro-entrepreneur est donc simplifiée et en plus il est dispensé de la déclaration sociale des indépendants (DSI) annuelle.

C’est donc un régime qui semble très attractif pour l’entrepreneur qui lance son activité parce qu’il offre une simplification administrative considérable.

Sa mise en œuvre du régime n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît dès que l’activité envisagée n’est pas considérée comme un simple revenu complémentaire.

Quels sont les inconvénients du régime de micro-entrepreneur ?

Tout le monde ne peut pas devenir micro-entrepreneur

En réalité le choix du régime de micro-entrepreneur n’est pas ouvert à toutes les professions. Et la liste est longue… et en constante évolution !

Difficile de prévoir quelques années à l’avance quelle profession sera exclue ou pas du statut. Cela dépend parfois du régime social auquel la profession est rattachée ou de la caisse de retraite de rattachement.

A titre d’exemple ne peuvent pas choisir le régime de micro-entrepreneur les professionnels suivants :

  • paysagiste, entretien de jardin
  • notaires, officiers ministériels
  • huissiers de justice, commissaires-priseurs judiciaires, avocats
  • médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, vétérinaires
  • agents généraux et d’assurances,
  • experts-comptables et commissaires aux comptes
  • marchands de biens, agents immobiliers
  • artistes rémunérés en droit d’auteur…

Avant d’envisager le choix du régime de micro-entrepreneur mieux vaut se renseigner pour savoir si l’activité que l’on envisage est éligible…

Le régime de micro-entrepreneur n’est pas adapté lorsque le chiffre d’affaires projeté dépasse un certain seuil

Ce régime ne peut s’appliquer que lorsque le chiffre d’affaires annuel n’excède pas un certain seuil :

  • 170 000 € pour une activité de vente de marchandises, d’objets, d’aliments à consommer sur place ou de fourniture de logement
  • 70 000 € pour une activité de services

Le statut de micro-entrepreneur peut donc être attractif pour celui qui souhaite avoir une source de revenus complémentaires mais pas lorsque le chiffre d’affaire est important et lorsque le projet entrepreneurial est ambitieux.

Le statut de micro-entrepreneur n’est pas évolutif

Adopter le régime et le statut de micro-entrepreneur en pensant éviter le formalisme de la création d’une société n’est pas toujours le bon choix.

Dès que le chiffre d’affaires de l’entrepreneur dépassera les seuils prévus il devra changer de statut et commencer les démarches de création d’une société alors que son activité est en pleine croissance.

Pourquoi ne pas dès le départ créer une société ? Surtout que certaines formes sociales comme l’EURL permettent de bénéficier du même régime fiscal…

Le régime de la micro-entreprise est défavorable en cas d’investissement au démarrage de l’activité.

La simplicité de calcul du montant forfaitaire du bénéfice imposable et des cotisations sociales peut se retourner contre l’entrepreneur.

En effet en cas de dépenses d’investissement importantes au démarrage le niveau des dépenses réelles sera supérieur au taux forfaitaire appliqué. Le bénéfice imposé sera donc supérieur à la rentabilité réelle de l’entreprise puisqu’il ne tiendra pas compte des dépenses d’investissement.

Le micro-entrepreneur doit en réalité faire un prévisionnel de création qui n’est pas si simple

Sous le régime de la micro-entreprise l’entrepreneur doit payer des impôts et cotisations sociales dès qu’il encaisse du chiffre d’affaires.

Avant d’envisager ce régime il faut en réalité faire un travail important de prévisionnel pour s’assurer de la rentabilité attendue de l’activité et vérifier que ce choix est intéressant.

Le régime de la micro-entreprise n’offre pas toujours une grande crédibilité auprès des partenaires

Le micro-entrepreneur peut se lancer même en l’absence de ressources, sans aucun capital social. Mais l’absence de structure sociétale et l’absence de capital ne rassure pas les investisseurs et notamment les banques.

En outre plus de 40% des micro-entrepreneurs enregistrés n’exerce en réalité aucune activité. Le choix du régime peut être avantageux pour tester une activité mais il ne rassure pas les partenaires quant au sérieux du projet entrepreneurial.

Enfin le micro-entrepreneur souffre d’une image assez négative puisqu’il est souvent associé à des activités peu qualifiées telles que livreur, chauffeur ou baby-sitter.

Le micro-entrepreneur ne peut pas toujours profiter du maintien de l’aide au retour à l’emploi (ARE)

Le régime du micro-entrepreneur est souvent présenté comme un bon moyen de reprendre une activité professionnelle. Mais en réalité le maintien des ARE est calculé par rapport aux recettes encaissées et déclarées.

Le micro-entrepreneur ne peut donc pas prévoir à l’avance le montant des ARE et de sa rémunération globale puisqu’il ne connaît pas à l’avance le montant de ses bénéfices.

Dans une telle hypothèse la gestion globale des ressources est assez compliquée.

Attention alors au choix du régime de micro-entreprise… Ce n’est pas toujours le moins cher.

La création d’une société permet d’anticiper l’évolution de son activité et d’optimiser ses ressources.

Pour être sûrs de faire le bon choix, contactez-nous !

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Prenez votre première bonne décision en tant qu’entrepreneur : faites-vous conseiller par un professionnel habilité à le faire à chaque étape de la création de votre entreprise.

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